Les Années 1948 à 1949
(Choisissez votre année: 48 49 )
 
 

Naissance des premières 356 à Gmünd

En cette année 1948, l'équipe Porsche se trouvait toujours à Gmünd et avait basé leur société qui était en fait la filiale autrichienne du Konstruktionsbüro, dans une scierie appelée pour la circonstance «Porsche Konstruktionen GmbH», dirigée non pas par Ferry mais par sa soeur Louise (ayant gardée sa nationalité autrichienne contrairement à Ferry et à Ferdinand.

Le désir le plus cher de
Ferry était depuis longtemps la construction d'une voiture sportive excitante à conduire. Dès 1947, des dessins de cette « Volkswagen Sport » furent élaborés, les premiers datant du 17 juillet. Naquit ainsi la Porsche 356 « n°1 » qui apparaissait plus comme la vitrine de l'équipe Porsche, car sa construction en série était presqu'impossible du fait de la complexité de sa structure. Cette voiture fut également la première à porter le nom de « Porsche ».

L'élaboration de la 356 nécessitait bien entendu des fonds et ceci n'était pas un problème pour Porsche à ce moment. En effet, l'équipe récupéra de l'argent bloqué à l'extérieur de l'Autriche pendant la Seconde Guerre Mondiale. De plus, le réseau VW dirigé par
Nordhoff assura la fourniture de pièces mécaniques et donna la possibilité à Porsche d'utiliser le réseau VW; enfin la chose la plus importante: une royaltie (de 5 DM) était fournie à Porsche sur chaque Volkswagen construite. En plus de cela, deux suisses Blank et von Senger, apportèrent des fonds supplémentaires. Ainsi, Porsche avait un avenir prometteur dès la fin de 1947 et a pu investir dans l'élaboration de la future 356.

Cette
356 « n°1 » possédait un châssis tubulaire en grille insufflé de la Cisitalia. La carrosserie du petit roadster était l'oeuvre de Erwin Komenda, le « spécialiste maison », tout en aluminium avec des lignes très pures avec une partie avant s'apparentant à celui de la Berlin-Rome; les clignotants avants étaient décentrés par rapport aux phares.
-
L'arrière par contre était tout nouveau avec une série de fentes disposées en lignes ceci pour une bonne aération du moteur. Le gris argent, la couleur des voitures de courses germaniques de l'époque, fut choisi pour la teinte de la carrosserie.
-
L'habitacle comprenait une seule banquette à dossiers séparés, ce qui était la mode à l'époque ce qui faisait de la 356 n°1 un strict biplace.
-
Le pare-brise sans cadre était en deux parties aisément démontables pour la compétition.
-Un nouveau système de freinage fut installé pour éviter à la voiture de « plonger du nez » lorsque les freins étaient sollicités.
-Les suspensions étaient reprises à la Volkswagen tout comme
le moteur, placé en position centrale juste derrière la banquette, élaboré par Reimspiess avec une puissance portée à 40 ch à 4200 tr/mn pour une cylindrée de 1131 cm3 avec modification des soupapes plus grandes et un taux de compression amélioré.
-Avec ce «
flat 4 » à double arbre à cames en tête, la voiture pesait 603 kg avec une répartition des masses excellente et elle atteignait une vitesse de 135 km/h, ce qui n'était pas rien à l'époque.

La
356 « n°1 » fit ses premiers tours de roues en mai 1948 et le 8 juin 1948, elle fut homologuée par les Services de Travaux Publics de Carinthie et déjà le « prototype » d'une version coupée appelée « Sport Limousine » fut terminée. La 356 ne perdit pas de temps pour se faire connaître: présentée à la presse et au public le 4 juillet 1948 lors du Grand Prix de Suisse qu'elle remporta, elle décrocha aussi sa première victoire en compétition le 11 juillet de la même année lors d'une course locale, pilotée par Herbert Kaes, le cousin de Ferry.

La 356 « n°2 » fut homologuée à son tour deux mois après la n°1 et elle fut achetée par von Senger et Blank (déjà cités précédemment) qui firent construire par Porsche une remorque spéciale pour transporter la voiture.
La carrosserie des cabriolets était fabriquée en Suisse (par
Beutler) et à Vienne contrairement à la 356 n°1 construite directement à Gmünd. Il est à noter que ces carrossiers n'hésitaient pas à apporter leur touche personnelle aux carrosseries; cependant Porsche n'acceptait aucun écart sans son accord avec le dessin original.
Le procédé de fabrication était le suivant: on se servait d'un modèle en bois sur lequel étaient placées
des tôles d'aluminium qu'on martelait afin qu'elles épousent la forme du modèle. Ce travail était réalisé par un seul homme: Friedrich Weber. Les formes arrondies étaient plus faciles à réaliser que des formes anguleuses car dans ce dernier cas, il était facile de déchirer la tôle lorsqu'on tentait de la plier.
Seules les portières creuses, recouvertes sur la face intérieure de tissu et comprenant une cordelette en guise de poignée, n'étaient pas en aluminium mais en acier comprenant deux vitres latérales sur chaque porte, caractérisant les 356 « Gmünd ».
Ces dernières conservaient à peu près les mêmes dimensions que la Volkswagen et elles possédaient un châssis à caissons qui étaient des éléments creux présentant l'avantage de rigidifier le châssis.
Quant au
moteur, il vit sa cylindrée passer de 1131 cm3 à 1086 cm3, ceci essentiellement pour une raison « compétitive »: en effet, cette valeur permettait à Porsche de rentrer dans la classe des moins de 1100 cm3 en compétition.
Enfin, les seuls points faibles de la voiture étaient son freinage et sa tenue de route ce qui incita
Porsche à abandonner le système de freinage sur ses nouveaux modèles.

La
356 « n°2 » fut présentée officiellement au Salon International Automobile de Genève en 1949 et fut accueillie avec succès compte-tenu des commandes qui affluèrent, il est vrai essentiellement des pays relativement épargnés par la Seconde Guerre Mondiale comme la Suisse surtout, l'Autriche, la Suède et l'Egypte.

Au total, il fut fabriqué une soixantaine d'exemplaires de
356 « Gmünd » (à partir du 28 octobre 1949) dont 43 coupés et 8 cabriolets en 356 « n°2 », souvent assemblés directement dans la cour des ateliers parmi les vaches qui ruminaient paisiblement !.